La méningite bactérienne est une complication rare mais grave de l’anesthésie-rachidienne (incidence<4,5cas/100 000 rachianesthésies). Bien que des cas individuels ont été rapportés dans la littérature, la survenue d’une épidémie reste un événement exceptionnel. Serratia marcescens est une entérobactérie à l’origine d’une multitude d’infections et d’épidémies nosocomiales dont la méningite ; rencontrée essentiellement en néonatologie et neurochirurgie. Notre objectif est de décrire les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et évolutives d’une épidémie de méningite causée par S. marcescens survenue dans une clinique médico-chirurgicale privée chez des patients ayant bénéficié tous d’une rachianesthésie.

Nous rapportons une épidémie de 19 cas de méningite hospitalisés dans notre service de maladies infectieuses EPH de Boufarik (Algérie) entre le 18 décembre 2012 et le 15 janvier 2013. Tous les cas ont bénéficié d’une rachianesthésie-réalisée par le même médecin anesthésiste dans une même clinique privée. Un cas était défini par l’apparition d’un syndrome méningé après rachianesthésie avec un LCR perturbé.

Nous avons diagnostiqué 19 cas de méningite bactérienne. Le taux d’attaque était de 14 méningites/100 rachianesthésies. La durée d’exposition était de 17jours (du 05 au 21 décembre 2012). L’âge médian était de 33ans (23–77) ; le sex-ratio était de 0,19(3H/16F) ; l’intervalle entre rachianesthésie et apparition des symptômes était de 4jours (1–6). Les symptômes les plus retrouvés ont été : céphalées, fièvre, vomissements et troubles neurologiques. Résultats du LCR : numération leucocytaire moyenne 716 cellules/mm³ (32–2000), prédominance de neutrophiles (52,63 %), hypoglycorachie (58 %). S. marcescens sensible à tous les antibiotiques a été isolé dans le LCR de 9 patients et dans 2 hémocultures. Tous les patients ont bénéficié d’un traitement par la ceftriaxone 4g/j avec une durée minimale de 21jours. L’évolution était favorable pour 17 cas (84,21 %) ; 2 complications neurologiques à type de convulsions avec des lésions près suppuratives à l’IRM ont été observés. On déplore deux décès (10,52 %). Un patient a rechuté(5,26). L’enquête épidémiologique révèle une défaillance dans les mesures d’hygiène et une inadéquation de produits ou procédures (manu portage incriminé), S. marcescens a été identifié sur un cathéter récupéré dans un collecteur pour déchet piquant.

Cette épidémie d’ampleur exceptionnelle de part le nombre et la durée nous interpelle pour le respect des mesures d’hygiène et l’amélioration de la qualité du matériel ainsi que les procédures de contrôles des infections.